Chapitre 1.

Journal de bord, lundi.

Comme tous les matins, je me réveille avant tout le monde. Je m’appelle Sophia et depuis l’incendie qui a causé la mort de mes parents, je ne parle plus. Mes sœurs et moi se sont retrouvées orphelines. J’avais huit ans quand, Zoé, Élie et Sacha sur mon dos, nous nous sommes enfouis, loin des flammes de notre maison qui brûlait. Puis, enfin, nous avons trouvé un orphelinat.Aujourd’hui encore, je n’échappe au cauchemar que cet accident m’a fait subir. De même que, depuis ma naissance, j’entends les pensées des autres. Je suis ob ligée de cacher mon pouvoir, mais mes migraines sont de plus en plus fortes.Le réfectoire est enfin ouvert. En descendant, je croise Antonin –bien matinal pour un lundi-. — Salut ! me lança-t-il, avec un grand sourire, tu te lèves toujours aussi tôt, d’habitude ?Je hochai la tête et continue ma descente. Je prends un toast, un verre de lait puis remonte dans la chambre pour m’habiller. En arrivant, je remarque qu’Élie dort encore. J’empoigne mon uniforme et m’enferme dans la salle de bain. Après 10 minutes d’habillage-c’est toujours aussi dur d’enfiler ces collants – j’aperçois Élie, ses cheveux longs en bataille, avec un air ensommeillé plaqué au visage. — Coucou… Comment tu vas ? marmonne Élie, mal réveillé. Je lui adresse un sourire qu’elle me rend immédiatement puis la laisse aller au petit déjeuner. Moi, je me rends dans l’aile 8,où j’ai cours en vérifiant que j’ai pris mes affaires de sport. À ce moment-là, ma prof d’EPS me bouscule, pour la 5ᵉ fois de la semaine. Agacée, je lui lance un regard assassin tandis qu’elle glisse en arrière, ses papiers virevoltant partout, à son grand désespoir. Avec un sourire aux lèvres, je me dirige vers le gymnase, ou ma classe attend les retardataires. Dans le vestiaire, cette peste de Lila raconte à tout le monde qu’elle est partie en vacances en Chine (mensonges), et qu’elle a rencontré un prince (mensonges). En sport, c’est gym. Et, je suis la plus souple de l’orphelinat.

À chaque fois, Lila est jalouse. Bientôt, notre classe jouera Le lac des cygnes. Je suis Odette, Lila n’a pas encore de rôle et Zoé joue Odile. On continue de répéter jusqu’à la fin. Pirouette, pivot, roues, grand écart et grand saut pour le final. Durant un instant, je reste en lévitation et atterrit en position. Tout le monde applaudit. Je sens mes joues devenir écarlates quand Théo m’adresse un clin d’œil. Théo est arrivé à l’orphelinat il y a quelques mois et la directrice m’a demandée de lui faire la visite. Il est toujours sympa, même si je ne lui parle pas. Le sport terminé, je monte à l’étage et cherche la chambre de Zoé et Sacha, mes sœurs. Elles sont déjà là, et s’apprêtent à redescendre en cours. — Coucou Sophia ! me saluèrent-elles en chœur. — Ce soir, viens nous rejoindre dans la cour du bas, à 18 h 00, ajoute Sacha à mon oreille. Elles s’éloignent et la sonnerie des cours retenti.Comme d’habitude, on a le cours de maths. Depuis mon arrivée, il n’y a pas d’oral et l’on se met à l’écrit dès que la maîtresse nous donne la consigne. On fait des révisions et les fractions (ça nous énerve mais on n’y peut rien).-Le cours est terminé, nous dit la maîtresse en soupirant, après plusieurs heures de travail. Le cours a bien duré une éternité jusqu’à ce que l’on puisse remonter dans nos chambres déposer nos livres. C’est l’heure du déjeuner et il y a des frites et des saucisses. Le matin, si je ne mange pas beaucoup, le midi, je me lâche. Je ne prends jamais de dessert car ce sont toujours des fruits. Une fois sortie du réfectoire, je repars dans l’aile 4, où je dois avoir : français, musique et art plastique. Le français n’est pas mon fort mais je fais ce que je peux. M. Lonim ne veut toujours pas faire de l’écrit alors à l’oral je parle en langue des signes. Mais, le pire c’est qu’elle préfère certains élèves et qu’ils m’énervent à toujours vouloir être les meilleurs. Je les surpasse en plein de matières mais ça ne me surprend pas – Et toi, Sofia, puisque tu es si intelligente, donne-moi la consigne en langue des signes, me demande la prof. Je m’exécute devant les regards ébahis des autres ados et de Mme. Lonim, en prenant un certain plaisir à regarder ses traits se décomposer. Mme Lonim ne m’interrogea plus de tout le cours mais posa certains regardent jaloux sur moi, accompagné de grimace.Pour terminer, j’ai dû me rendre en salle d’art plastique. Notre professeur, M. Décar, est beaucoup plus sympa que Mme Lonim, même si son travail n’est pas aisé.– Aujourd’hui, nous allons faire de la poterie, nous annonce-t-il sur le pas de la porte. Et, si vous finissez très vite, vous pouvez tout de suite la peindre, ajouta vivement M. Décar avec un air chaleureux.- Vous pouvez vous asseoir, nous dit son assistante, je vais vous distribuer un bloc de terre.

Quand ce sera fait, vous attendrez que l’on vous donne une feuille. Rapidement, il me désigne pour distribuer avec Théo. Un sourire de sa part et mes oreilles deviennent écarlates. Je remercie mes cheveux longs qui font que personne ne le remarque. Je distribue les feuilles et le jeune garçon s’occupe des blocs de terre. Quand c’est fait, on s’assoit à nos places et l’on commence à créer notre poterie. Je fais un perroquet sur une branche et j’ajoute les plumes sur les ailes. C’est un gros travail, mais au final ça rend bien. Je dois encore modeler le bec, j’ai bientôt fini. Quand je lève la main pour que M. Décar voit que j’ai fini, je suis la seule à avoir enfin terminé. M. Décart vient me voir après quelques minutes, il affirme que je peux faire la peinture. Je décide de faire le haut en rouge, puis de descendre dans les réelles couleurs du perroquet, vers les plumes plus jaune ou verte, et finir par du bleu. J’essaie de réaliser un tronc, une branche, et puisque le bloc de terre n’est pas encore sec, je prends les pattes du perroquet que j’ai façonné et je les plante dans la branche le temps que ça le temps que ça sèche. Après ça, le cours de musique arrive enfin. Il est court et ne dure qu’une demi-heure. Pour le concert de fin d’année, il faudra faire certaines chansons. La professeure me dit souvent : tâchez de vous souvenir qu’il faut être en harmonie avec les autres. Mais, les seules fois où je parle, c’est bien dans la chorale. Après une demi-heure de chanson a capella ou avec le piano, c’est la fin des cours du lundi. Il est bientôt 18h.Je dois me dépêcher. Mes sœurs m’ont donné rendez-vous, il ne faut pas que j’oublie. Elles ont dit rendez-vous dans la cour du bas. Allez faut que j’y aille, je vais d’abord me changer, parce que l’uniforme pour un rendez-vous secret, ce n’est pas super. Je remonte très vite dans ma chambre, en croisant Élie au passage, qui me lance un : À ce soir !, rapide, pendant que je m’effondre sur mon lit après tous ses cours. Je décide de mettre un t-shirt et un jean noir que maman m’avait acheté trop grand avant l’accident. Du haut de mes 15 ans, je ne suis jamais allée dans la cour du bas. C’est une cour carrée avec une marelle, un toboggan et un bac avec des jouets. Une rampe mène à la cour du haut ou mes sœurs et moi nous rendons pour jouer. Elles sont déjà là, et m’attendent.–Ah, tu as pu venir ! Me lance Sacha, un sourire aux lèvres. C’est délicat. Mais, tu n’auras pas à t’énerver et c’est ton choix si tu ne veux pas y participer.(Elle soupire). Nous allons nous enfuir de l’orphelinat.J’étais interloqué, mais les mots qui franchirent les barrières de mes lèvres furent :- Comment ça?!, m’écriai-je. Zoé pris la parole : ne t’inquiète pas, on a tout prévu. Tu n’es pas obligé de venir mais ce sera demain soir que nous devons partir. Tu pourras rester prendre un animal, je pense que nous aussi nous allons le faire.- Pourquoi ? ai-je demandé.Élie m’explique : on est toujours resté ici à part toi. Tu pourrais nous montrer, je n’ai pas envie d’attendre mes 18 ans. Sacha et Zoé non plus. Et, toi ? N’es-tu pas curieuse ? Ne voudrais-tu pas voir le monde tel qu’il est et pas à travers des manuels d’histoire ou de géographie ?— Si. C’est vrai. On prend quoi ?— Quoiquoubeh ! s’esclaffa Sacha. Plus sérieusement, on doit prendre : coussin, peluche, couverture, livre, habits, lampe torche, à manger, à boire, carte, brosses, brosse à dents, dentifrice, linguettes, etc. Carnet, stylos.– OK, c’est bon — Comment tu as fait pour tout mémoriser ? me demande Élie.— Mémoire photographique, tu te souviens ? lui dis-je.Dddddddiiiiiiiiiinnnnnnnnnngggccggggggg.— C’est la sonnerie du dîner, il faut y aller ! Nous dit Zoé.- Oh non, je ne t’ai pas expliqué le plan, Sofia, S’alarma Sacha.- Ne t’inquiète pas, je le connais déjà, lui répondis-je avec un grand sourire.Vous n’avez pas oublié que j’avais un talent télékinétique, j’ai emprunté la feuille qui est dans leur chambre…C’est pratique mais ça donne une de ces migraines… Je me dépêche d’aller dans le réfectoire dans lequel on dîne ce soir de la pizza ! Je suis super contente et je souris à pleines dents.Je mange seule à une table sans mes sœurs car elles sont en train de manger avec leurs copines. Mais, voyons le bon côté des choses, j’ai de la pizza que pour moi ! après ce délicieux dîner, le dessert c’était un fondant au chocolat trop bon ! je suis remontée dans ma chambre.Je me suis très vite mis en pyjama, puis je suis allée me laver les dents. Élie a été plus rapide que moi. Elle dort déjà. Je me borde moi aussi et m’endors. Une fois de plus, les flammes m’accueillent au pays des rêves. Devant moi, notre maison brûle. La chaleur m’empêche de respirer, mes poumons sont en feu. La maison s’effondre sur moi, j’ai mal. Je me réveille en sueur froide, tremblante.Je descends au réfectoire, il n’y a personne. J’entends des bruits de pas. Quand je me retourne, Sacha m’adresse un signe de la main.— Tu sais, aujourd’hui, on va pouvoir adopter un animal. On va toutes rester pour adopter un animal et l’on partira. Tu as tout compris ? — Oui. Il y aura plein d’animaux, tu veux lequel ?- Je pense qu’un bébé raton laveur ça serait bien. Pas toi ?- Moi, je préfère les chiens. Un beau berger allemand, ce serait mon rêve.- Il paraît que l’on peut en avoir plusieurs, ce serait trop bien !— Oui ! approuvai-je.- Il paraît aussi qu’il y a un bébé loup et que si l’on est digne, il nous choisira.La cantine ouvre et l’on petit-déjeune. Juste après, dans l’aile 6, géographie et histoire. Un cours ennuyeux sur le passé, et un autre cours ennuyeux sur la géographie. Ces deux cours durent une éternité jusqu’à ce que l’on puisse aller déjeuner. On a fait un barbecue. En fait, nous, on mangeait des lasagnes aux épinards, mais le barbecue c’était pour les animaux. Enfin, la dame qui est venue pour présenter les animaux pour les adopter est arrivé. Il y avait des chiens, des chats, des bébés ratons laveurs et plein d’autres choses ! Je me suis approché, je n’avais pas encore choisi d’animaux. Il ne restait qu’un chien, un très beau berger allemand. Tandis que je m’approchais, il a tourné la tête, m’a regardé longuement et s’est rapproché. Je lui ai caressé la tête et lui, il m’a léché la main. C’est lui que je veux adopter. Il faut que je réfléchisse un prénom… Caramel ? Non. Scoubidou ? non. Snoopy ? Parfait !Soudain, un silence pesant s’abat sur l’orphelinat. L’animatrice fit volte-face, un animal dans les bras. Cela ne ressemblait à aucun animal que j’avais vu dans les livres.- C’est un animal sauvage, nous explique l’animatrice. Un louveteau.— Nous l’avons trouvé, seul, à côté de notre laboratoire, dit une dame âgée.— Le louveteau doit choisir un maître. Il faut le laisser décider.Tout le monde aime ce qui est mignon. Les louveteaux sont mignons. Les autres élèves crient et courent après l’animal. Il se cache dans un buisson et je suis seule à avoir remarqué que sa queue dépasse les feuilles de la plante. Je m’approche, un biscuit à la main. Il sort de sa cachette et commence à manger. CHAPITRE 2. Le louveteau me donne sa patte🐾🐺. Un attroupement d’élèves me regarde avec des yeux étonnés. Une scientifique pose sa main sur mon épaule, murmurant un « bravo » encourageant.-Comment veux tu l’appeler ? me demande sa collègue.Je sors un papier de ma poche et j’écris un nom: Tsunami.- Quel joli nom ! me souffle M. Décart. Tsunami, qui semble approuver ce nom, se loge sur mon épaule, la truffe contre ma joue. Il s’endort, paisible.-Il est presque l’heure de partir, me rappelle Sacha, son bébé raton laveur dans les bras.Je monte dans notre chambre, Snoopy à côté de moi, Tsunami sur son dos. Mon chien s’assoit sur mon lit et dépose le petit loup sur l’oreiller.Je fais ma valise, me prépare à sortir quand quelqu’un toque à la porte. Je m’empresse de cacher mon sac à dos et ouvre la porte. Un monsieur portant un colis attend, puis dit qu’il est du laboratoire qui est venu cet après-midi pour donner des animaux. C’est l’essentiel pour Tsunami et Snoopy. Il repart juste après. Je fous tout dans le sac et enfile un sweat délavé pour rejoindre mes sœurs. Elles m’attendent dans la cour, en discutant. Une fois arrivée, on se met en route. On se dirige vers la cabane de jardin de Louis, le jardinier, qui est vide. Sacha me montre une trappe, sous le petit tapis bleu à l’entrée et ouvre un tiroir avec un trousseau de clés à l’intérieur. La jeune fille choisi une clé et la tourne dans la serrure de la trappe. Cette dernière s’ouvre, sur un escalier humide en pierre. Personne ne bouge. Je prends la parole.-Venez, cet escalier ne va pas se descendre tout seul, dis-je, aussi bien pour elles que pour moi. Je sort de mon sac une lampe torche et continue d’avancer. Mes sœurs m’imitent, pour éviter de tomber dans une flaque d’eau inattendue. J’aperçois, au loin, la lumière de la nuit. Mais ce n’est pas comme ce que je voyais, à l’orphelinat. Je comprends enfin. Toutes ces années, nous étions comme enfermés sous un ciel artificiel, privé de la réalité. Ici, tout n’est que ruine, destruction et danger. -Où allons nous dormir ? demande Zoé pour détendre l’atmosphère. -Dans un grand magasin abandonné, lui répond Élie. Il s’agit de… Décathlon, je crois. Ça vendait des trucs de sport. – On y va ? m’agacait- je. Sans un mot, les filles se mette en route. Il commence à pleuvoir, mais je suis la seule à m’en rendre compte. -On est arrivées, dis Sacha. Je lève la tête. Un magasin abandonné surplombe la rue déserte, c’est probablement celui dont nous parlait ma jeune sœur. La porte automatique de Décathlon est usée, nous sommes donc obligées de la forcer. Avant que quelqu’un ne pose la  question, j’ explose la porte d’un coup de pied.-Allons y, je soupire. Rempli d’affaires vieilles et poussiéreuses, Décathlon à ce qu’il faut pour vivre seule. Élie est la première à choisir sa chambre, elle vote  donc pour un rayon maillot de bain enfants. Tandis que les autres se décident, j’opte pour une tente de camping avec sac de couchage dans le rayon randonnée. Je dépose Snoopy et Tsunami sur un vieux coussin le temps d’installer leurs affaires à côté du sac de couchage. En remplissant les gamelles, je repense à tous les déjeuners (dégeu ou pas) à l’orphelinat. Ils ne me manquent pas. Pendant que je traîne au rayon serviettes , j’entends un bruit bizarre. Je me retourne, rien. Tout à coup, j’ai l’impression d’être observée. Je vais dans ma tente, des serviettes volées à la main, comme si de rien n’était. Je pose mon butin et continue ma recherche. Je trouve des talkies-walkies, des sac à dos, des tentes repliables, des maillots de bain et des tee-shirt anti-uv. Quand je les montre aux filles, Zoé propose d’avoir des noms de codes, comme dans les films. Nous finissons par accepter. Sacha devient Démon de minuit, Élie, Tonnerre Bleu et Zoé est Lune d’améthyste. -Et toi ? me demande Zoé. Comment vas-tu te faire appeler ? -Je  ne sais pas, dis-je. À tour de rôles, mes sœurs proposent des noms, mais aucun ne me convient. -Je vais m’appeler… Plume d’argent ! annonçait-je. -OK tout le monde, dit Zoé. Maintenant, il nous faut un costume. Comme vous voulez, il faut juste que vous soyez à l’aise. Avec un hochement de tête, je traverse les couloirs de vêtements jusqu’à trouver ce que je cherche. Sortie des cabines d’essayage, je montre ma trouvaille à Élie. Un justaucorps noir, avec des plumes argentées sur les côtés agrémenté de petits strass sur les manches longues et un collant noir, très souple, qui était probablement vendu avec, les mêmes strass sur le côté que le justaucorps .

Le soleil est revenu, illuminant le hall où nous nous sommes retrouvées. Sacha, à moitié endormi, retourne dans sa « chambre « . Je l’imite, bientôt suivie par Zoé et Élie, qui vont sûrement dormir toute la journée après cette nuit blanche. Une fois en pyjama, je m’installe dans le sac de couchage, Tsunami et Snoopy à côté de moi. Je n’ai aucun mal à m’endormir. Quelques heures plus tard… Des aboiements apeurés me réveillent, mais j’ai la tête qui tourne. D’un geste, je prends ma gourde et en renverse le contenu sur mes cheveux. Les idées en place, je regarde autour de moi, les aboiements viennent d’en haut. Oh non, c’est ma télékinésie qui fait encore des siennes ! En un mouvement, les animaux et leurs paniers retombent dans mes bras. Je les pose sur le sol, me retourne et vois des tâches de sang sur le sac de couchage. J’ai saigné du nez, je pense. J’essuie tout ça, me change puis emmène Snoopy et Tsunami en balade. Vers le rayon valise, j’en prends plein et les remplit à ras bord. J’observe longuement. L’endroit regorge de toiles d’araignées et de poussière, le parquet grince et les fenêtres sont barricadées. Un courant d’air balaye  le hall d’entrée (par le trou que j’ai fait pour venir ). Une fois mes animaux épuisés, je les ramène à la tente. C’est toujours la même chose pendant plusieurs jours, jusqu’à ce que je prenne les choses en main. Trois jours plus tard… -Les filles, réveillez vous ! leurs criaient-je. Aujourd’hui, on va explorer les environs, dépéchez vouuuus !! 🧭🧭-Non ! On est bien ici,grogne Sacha. -Dixit celle qui nous a emmenées ici ! -Personne ne m’obligera à partir, toi encore moins,réplique-t-elle. -T’es débile, tu nous traîne dans un nouveau monde et tu refuses de sortir de ta p’tite bulle !, lui dis-je. Je sors de la conversation en ruminant des insultes à ma sœur. Cette fois, elle va trop loin. Avec quelques affaires, je sors du magasin, trop furax pour réfléchir où je dois aller. Après un quart d’heure de marche, un souffle glacé me caresse le visage. Il me ramène à la réalité. J’ai abandonné mes sœurs, dans un monde qui leur fait défaut. La culpabilité me ronge, mais je m’obstine à avancer. Puis, je me remémore des souvenirs, à l’orphelinat où chez nous. J’ai toujours cédé à leur caprice, du plus petit au plus grand. Et là, une seule demande et ça part en vrille. Je ne suis pas leur boniche, non plus ! Alors que la colère monte en moi, j’entends des pas dans mon dos. Je me retrouve nez à nez avec un vieil homme boursouflé, un sac de toile à la main. Il veut me kidnapper, c’est sûr ! D’un geste, il ouvre le sac et avance doucement vers moi. Voyant que je l’ai percé à jour il essaye d’un coup de poing de me faire rentrer dedans. J’esquive sa première tentative et commence à courir. Mais le veil homme, plus rapide que prévu passe devant moi et je fonce  la tête la première dans le sac ouvert  .J’essaie de lui opposé de la résistance mais mon ennemi, agacé, me frappe contre un mur proche. Sonnée, je m’endors avec un grand mal de tête. Je perçois un ricanement, probablement celui du vieil  homme. Je me réveille sur un sol froid et humide qui me ramène à la réalité. Deux personnes sont penchées vers moi,  la première tenant un bout de tissu mouillé. En voyant mes yeux s’ouvrir, la deuxième prévint la première personne qui me colla le bout de tissu mouillé sur mon nez et ma bouche. Un parfum doucereux me chatouille les narines et mes paupières sont lourdes. Quelqu’un me drogue. Je sombre dans un sommeil sans rêves d’où je ne peux pas sortir. Quand je rouvre les yeux, je me trouve dans une pièce sombre et des voix incompréhensibles chuchotent des paroles bizarres. Je suis attachée à une poutre rouillée. Au bord du désespoir, la force de mon esprit me sort de la terreur de la situation.

Après quelques minutes, je parviens à me défaire des cordes qui me retiennent. Un miroir m’indique que mes yeux deviennent violets, mais ma colère reprend le dessus. Les voix se font plus fortes et je les suis, jusqu’à un petit groupe de gens discutant de tout et de rien autour d’un feu de camp. L’homme qui m’a kidnappée commence à parler. -Les amis, aujourd’hui, j’ai trouvé la planque d’autres humaines et attrapé l’une des leurs. -Bravo, Joe ! répond la meuf à côté de lui. Bon boulot. Tout à coup, je comprends. Ils ont trouvé les sœurs ! Il faut que je les prévienne le plus vite possible. Ignorant le danger, je fond sur mes ennemis à la vitesse de la lumière. Sans comprendre ce qu’il se passe, je frappe les silhouette autour de moi. En m’attaquant au dernier ennemi, je tombe en arrière. Je gise, inconsciente,et l’explosion me parvient . Une fois maître de tous mes membres, je repars vers le magasin. Mais aucune trace de Élie, Zoé et Sacha. Horrifiée, j’aperçois des traces de sang sur le sol. En les suivant, je trouve les corps de mes sœurs, allongées sur un tapis. Je vais chercher Snoopy et Tsunami, qui m’attendent devant la tente.Ils me suivent pour rejoindre les filles. Une fois arrivée, je soigne les plaies de Sacha, essaie de réveiller Élie et applique les premiers secours sur Zoé. -Je n’aurai pas dû les laisser ici, dis-je en pleurant. Pourquoi je ne les ai pas protégées !Le corps de Sacha s’anima. -Ce n’est pas ta faute, Sophia. Je vais t’expliquer.

DÉBUT DU FLASH BACK, raconté par Sacha

Nous sommes en train de jouer à ni oui ni non, moi ruminant ma colère, Zoé et Élie calmant l’atmosphère. La lumière s’éteint brusquement et la panique nous gagne très vite. Des silhouettes noir nous tournent autour, des sacz en toile à la main. Je sais, tu vas pas me croire, mais il s’est passé un truc de ouf: ma gourde s’est renversée, quand tout à coup, l’eau elle… elle commence à voler. Quand j’ai vu ça, j’ai étouffé un cri et l’eau est retombée sur le sol. Alors, j’ai fixé quelques secondes la petite flaque et tendu la main. Et là, l’eau s’est remise à voler. Donc, je pense que j’ai un genre de super-pouvoirs de l’eau. FIN DU FLASH BACK-J’chuis trop contente , tu es comme moi ! lui dis-je. -Comment ça ? -J’ai le pouvoir de la télékinésie, toi, de l’eau ! Zoé et Élie en auront un aussi ! -Quoi ? demande Zoé qui vient de se réveiller. -En gros, Sophia et moi, on à un super pouvoir,s’empresse d’ajouter Sacha. (Je soupire ) Sacha ne sais pas garder un secret, ça me rend dingue. -T’as pas oublié l’explosion, quand même ? demande Zoé. Il y a eu une explosion incroyable . Pchiouut ! Bam ! Ça doit être mon pouvoir, nan ? -Bon, il ne reste que Élie, dis-je. Mais j’ai l’impression que sa blessure est plus grave que les vôtres. Il faudra juste être patiente. LE LENDEMAIN, À 7H00 -Élie est réveillée, venez les filles ! nous crie Zoé. Venez ou je vous traîne par les oreilles ! -Oui, oui, on arrive,dis-je. En déplaçant les objets autour de moi, je me fais un escalier et un toboggan. Les autres ne sont pas encore arrivées. -Coucou Élie, comment tu vas ? je lui demande. Pas trop fatiguée ? -Non, ça va, me répond l’intéressée. Alors ? -Alors quoi ? -J’ai quel pouvoir moi ? -Attend, je vais essayer un truc. En posant ma main sur la paume de ma sœur, une décharge électrique me parcourt. -Électricité, lui affirmai-je. -Super ! J’peux l’utiliser quand je veux ? -Oui. Comme tout le monde, d’ailleurs. -Cool, approuve Sacha qui vient d’arriver. Mais avant de s’en servir, il faudrait s’entraîner dans un endroit sûr. -Mais où ? intervint Zoé. C’est pas comme si nos parents nous avait dit qu’on avait des pouvoirs et qu’ils avaient une salle d’ entraînement! -Quoique…-Qu’y a t’il Sophia ? -C’est que… Avant l’Accident, Sacha et Élie n’était pas encore nées, les parents nous ont interdit d’aller dans une salle à côté du salon qui était toujours fermée à clé. Quand je leur ai demandé pourquoi, ils ont répondu que c’était un abri anti incendies et qu’il ne fallait pas que j’y aille. Peut être qu’elle a été préservée, il faut vérifier. Nous pourrons aussi essayer de trouver l’origine de l’incendie, ce n’est pas normal qu’il y ai eu un feu alors qu’on en allumait jamais. -T’as raison, mais tu connais l’adresse ? Et même dans ce cas, vu que les numéros ont été détruits, ça ne sert à rien, se désespéra ma plus jeune sœur. -Nos parents étaient très prévoyants, ils ont installé un panneau résistant à tout avec l’adresse, le numéro de téléphone et une phrase, dont je ne me souviens plus. -Bon, bah c’est parti ! dit Élie. La team sister est de retour ! -La… Team sister ? demande Sacha, incrédule. C’est quoi ce truc ? -Rien, rien… Et si on y allait ? OK, c’est bon, les filles sont prêtes , il ne manque personne, tout marche comme prévu . J’espère que ça va bien se passer. -Allons-y, souffla-je.

C’est le moment ou jamais ! Derrière nous, les portes claquent .Il pleut des cordes.Snoopy et Tsunami me suivent dans les flaques. Il est trop tard pour faire demi tour. 

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